Un orthographe contextualisée

Au travers les projets d’écriture, l’orthographe prend son importance car les élèves prennent conscience qu’ils ont besoin de se faire comprendre lorsqu’ils écrivent. Il faut donc qu’ils découvrent, et ce n’est pas forcément évident pour certains élèves de CP, qu’ils n’ont pas le choix de l’écriture phonologique en français : il leur faut apprendre l’orthographe des mots. Ils doivent également écrire en respectant l’orthographe grammaticale, pour les mêmes raisons. Notre approche intégrée permet aux élèves d’utiliser les mots appris et les structures morphologiques étudiées dans les productions d’écrits, ce qui renforce la mémorisation et permet de donner du sens à ces apprentissages.

L'orthographe lexicale

Dans notre approche, les mots à apprendre sont choisis parmi le lexique structuré par la lecture. Ce sont ces mots qui vont être régulièrement lus et écrits, et ces retours nombreux sur leur utilisation vont permettre une mémorisation plus efficace. Nous proposons donc des listes de mots classés par thèmes en lien avec les lectures et les projets d’écriture. Parmi ces mots, certains seront choisis, par les enfants ou par l’enseignant, pour que leur orthographe soit connue. Le nombre de ces mots peut varier au fur et à mesure de l’année et en fonction du niveau des élèves. Des séquences sont également prévues pour l’apprentissage des mots invariables.

Pour aider les élèves à acquérir l’orthographe de ces mots, on peut s’appuyer sur différentes procédures :

  • avoir recours à l’épellation, à voix haute, en remarquant les difficultés ;
  • avoir recours à des tests réguliers, c’est-à-dire des moments où les enfants doivent réécrire le mot sans modèle, puis se corriger ensuite ;
  • mémoriser les difficultés en employant des moyens mnémotechniques, comme par exemple l’orthographe illustrée : il s’agit de repérer des irrégularités orthographiques, et de trouver un dessin permettant de lier le sens du mot et l’irrégularité repérée. On peut s’inspirer pour cela des images du dictionnaire visu-sémantique du Groupe Roman pour les enfants dys ou celles de l’orthographe illustrée de Mélanie Brunelle.

L’enseignant pourra ensuite choisir les mots qui doivent être revus à la maison, les faire souligner dans la liste. Ils seront donnés en devoirs d’une semaine sur l’autre, et feront l’objet de dictées régulières, sur l’ardoise ou sur le cahier d’entrainement. On pourra aussi les intégrer dans des phrases à dicter.

Nous proposons donc :

  • des diaporamas pour s’entrainer collectivement, épeler, repérer les difficultés, et comprendre quelques images qui peuvent aider ;
  • des fiches indépendantes, pour qu’ils puissent choisir les mots qu’ils ont besoin d’apprendre en autonomie, dans un esprit de travail autonome et d’une progression la plus adaptée à chaque élève ;

  • des autoévaluations afin qu’ils puissent savoir où ils en sont et tenter de progresser à leur rythme, et pour qu’ils s’appuient sur des acquis : il vaut mieux savoir moins de mots mais les avoir automatisés que de ne rien savoir vraiment.

L’entrainement peut également se faire en classe à partir d’enregistrements qui passent les mots dictés, que l’enfant doit savoir écrire.

L'orthographe grammaticale

L’orthographe grammaticale, elle, ne peut pas s’apprendre uniquement par la mémorisation. Elle est inséparable de la grammaire et de la compréhension de la syntaxe. Elle ne peut pas se passer de la médiation du langage afin que les élèves comprennent les liens entre les mots, les relations entre eux et les accords. Les ateliers autonomes peuvent être des entrainements à certains moments, mais il est indispensable que les élèves puissent travailler ensemble sur ce thème, comparer, justifier, argumenter. Il faut qu’ils puissent petit-à-petit acquérir une attitude vigilante, un questionnement permanent : comment dois-je écrire ce mot ? Pourquoi ? Pour cela, les activités d’écriture sont très importantes, car il est plus efficace de travailler cette vigilance en situation, pour l’écriture. Après tout, les élèves doivent comprendre que cet apprentissage laborieux de l’orthographe est une nécessité pour l’écriture. Dominique Bucheton a pu montrer que les élèves pratiquant des ateliers d’écriture très réguliers sont meilleurs en orthographe que ceux d’une classe témoin qui écrivaient peu[1].

La priorité lors des temps de libre choix est donc de permettre aux élèves d’écrire des textes, et pas seulement de remplir quelques fiches d’exercices.

[1] Bucheton, Refonder l’enseignement de l’écriture

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