L’oral au coeur de l’enseignement du français

L’enjeu de son enseignement de l’oral dépasse cependant le fait de permettre aux élèves de mieux parler : on sait depuis Bruner que le langage et la pensée se construisent ensemble. Permettre aux enfants de parler et de progresser dans leur discours est un élément fondamental de progression et d’apprentissage pour l’élève dans tous les domaines, de construire sa pensée et de mettre des mots sur le monde.

L’écoute

La première compétence de l’enseignement de l’oral concerne l’écoute. Ce point est fondamental, mais peut vite donner lieu à des contre-sens : apprendre à écouter, ce n’est pas juste apprendre à se taire quand un autre parle, mais c’est avoir une activité cognitive en lien avec ce qui est entendu. C’est une activité essentiellement interne, qui n’est pas visible, et qui peut donc rester un vrai mystère pour les élèves, ou donner lieu à des malentendus. Cela peut également être un obstacle à l’observation évaluative de l’enseignant : l’observation de la posture de l’élève ne nous renseigne pas sur ce qu’il a compris ou appris. Il est donc important d’accompagner les élèves dans la compréhension des enjeux de cette écoute : Comment je me rends compte que j’écoute, ou que je n’écoute pas ? Quelles questions je me pose quand j’écoute ? Comment je peux éloigner les pensées parasites ?

Concrètement, comment faire ?

L’approche intégrée base l’enseignement du français sur des textes, authentiques ou construits pour l’apprentissage. Pour chaque texte, un moment de lecture du texte par l’enseignant est à prévoir, avant ou après la découverte du texte par les élèves. Ces moments de lecture assurées par l’enseignant permettent de mettre en œuvre l’apprentissage de l’écoute active par l’explicitation des opérations mentales à mettre en œuvre, et par l’entrainement régulier à écouter et à comprendre.

Le travail pour faire parler les élèves ne peut rester dans des groupes homogènes : c’est ainsi que les élèves les plus faibles peuvent s’appuyer sur les paroles des élèves un peu plus avancés, reprendre leurs mots, les répéter, reformuler leurs réponses. C’est pourquoi un geste professionnel important pour enseigner l’oral à de jeunes enfants consiste à les laisser répéter ce qui vient d’être dit, à ne pas s’arrêter à la première « bonne réponse », à laisser le temps à chacun de donner sa réponse.

Parler : raconter, expliquer, argumenter

Au début du cycle 2, un enjeu majeur est déjà d’enseigner aux élèves à raconter, tant le récit est le premier mode de connaissance du monde. C’est en évoquant ce qu’il fait que l’enfant commence à mettre en place chronologie et logique. C’est donc une forme fondamentale de l’organisation des connaissances.

La deuxième conduite discursive fondamentale à enseigner pour nos élèves est celle qui consiste à argumenter et à justifier. C’est une compétence plus longue à acquérir, qui va évoluer avec la maturité de l’enfant et avec sa capacité d’abstraction. Pour argumenter, l’enfant va devoir également se décentrer, ne pas rester ancré sur sa compréhension comme dans le récit. Mais il ne s’agit pas d’attendre que l’élève soit prêt : c’est parce qu’on va lui demander d’argumenter ou de justifier que l’enfant va pouvoir construire un mode de pensée abstraite. C’est aussi à travers ces formes de discours qu’il va pouvoir construire un mode de relation aux autres, qu’il va débattre, qu’il va apprendre à employer les mots pour marquer un accord ou un désaccord. Enseigner l’argumentation ou le débat est donc un objectif majeur non seulement en ce qui concerne le langage, mais également la construction du raisonnement et de la vie sociale.

Concrètement, comment faire ?

L’entrainement nécessaire à l’acquisition de ces compétences suppose comme pour tous les autres domaines que les élèves aient des occasions multiples de s’entrainer et d’un retour réflexif sur leur pratique. Chaque séquence propose donc un travail oral, parfois un projet de production orale, parfois juste l’occasion de s’entrainer, mais toujours avec un objectif précis, qui n’est pas juste « faire parler les élèves ». Souvent, ce travail est fait en classe entière, il peut également se faire en petits groupes. Il paraît important pour entrainer ces compétences de travailler souvent en groupes hétérogènes : il faut que les élèves les plus en difficulté puissent entendre leurs camarades, puissent répéter ce qu’ils disent, réutiliser, reformuler, reprendre avec leur bouche leurs mots pour les faire leurs, et ce à plusieurs reprises. La répétition et le fait d’entendre plusieurs élèves en réponse à une question, même si « on l’a déjà dit », est gage de réussite de cet apprentissage.

Ressources : 

Cette approche nécessite également une programmation des conduites orales en lien avec les textes proposés, que vous pouvez retrouver ici : 

Ces compétences enseignées vont donner lieu pour certaines à la mise en place de traces écrites explicites. Celles-ci gagnent à être construites avec les élèves, de manière collective. Elles peuvent être collées dans un cahier pour les CE1qui pourront les relire. Pour vous inspirer, voici des propositions. Vous y trouverez pour chaque page les illustrations en grand format pour construire l’affiche collective avec les élèves : 

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